Tout savoir sur les vins de Bourgogne en appellation régionale

11/04/2025

Bourgogne, Bourgogne Côte d’Or, Bourgogne Hautes-Côtes : quelles différences ?

Pour comprendre les appellations régionales, il faut d’abord différencier leurs territoires. L’appellation « Bourgogne » est la plus vaste : elle s’étend sur quatre départements (Yonne, Côte-d’Or, Saône-et-Loire et Rhône), offrant une grande diversité de styles et terroirs. C’est une porte d’entrée accessible vers les vins de Bourgogne, souvent plus abordable qu’une appellation village ou cru.

Et pourtant, certaines régions veulent se distinguer. Prenez « Bourgogne Côte d’Or ». Créée en 2017, elle regroupe des vins produits exclusivement dans la Côte de Beaune et la Côte de Nuits. Ici, le potentiel de finesse et l’attention des producteurs tendent à rapprocher ces vins des communes reconnues, tout en restant abordables.

Quant aux « Bourgogne Hautes-Côtes » (de Nuits ou de Beaune), ils proviennent des collines qui surplombent les célèbres pentes des climats de la Côte. En altitude, les vignes bénéficient de conditions plus fraîches, produisant des vins plus tendres et croquants, parfois un brin rustiques. Ces sols calcaires et ces différences de microclimats en font des bouteilles pleines d’authenticité.

Face aux villages et crus, que vaut l’appellation « Bourgogne » ?

Il est vrai qu’en Bourgogne, les appellations fonctionnent comme une pyramide : au sommet, les grands crus, exigeants et rares ; au milieu, les appellations communales ; et à la base, les appellations régionales. Ces dernières, représentant environ 50 % de la production, jouent leur rôle de découverte pour les amateurs. Mais cela veut-il dire qu’un Bourgogne régional est inférieur ? Absolument pas.

Sa force réside ailleurs. Les appellations régionales sont souvent l’expression de choix techniques et de savoir-faire précis du vigneron. C’est aussi le terrain d’expérimentation : macérations douces, vinifications naturelles ou nouvelles pratiques durables. C’est ici que certains domaines recherchent une approche sincère et décomplexée, tout en offrant d’excellents rapports qualité-prix. Bref, une appellation parfaite pour se faire plaisir sans entamer son budget.

Bourgogne aligoté : bien plus qu’un cépage oubliable

Ah, l’aligoté ! Longtemps vu comme le « cousin pauvre » du chardonnay en Bourgogne, il revient en force grâce à de nombreux domaines qui l’ont remis à l’honneur. Ce cépage blanc, à l’acidité naturelle marquée, donne naissance à des vins frais, nerveux et souvent destinés aux apéritifs. Sucrez votre kir en Côte-d’Or, et il y a de fortes chances qu’un Bourgogne aligoté soit dans votre verre.

Mais ce serait réducteur de le limiter à ce rôle ! Sur de vieux ceps ou des terroirs bien travaillés, l’aligoté dévoile des cuvées vibrantes, aux notes de fruits blancs, d’agrumes et de fleurs fraîches, parfaites pour s’accorder à des huîtres ou un tartare de poisson. Avouez qu’il mériterait bien plus d’attention.

L’originalité du Bourgogne passe-tout-grains

Unique en Bourgogne, le « passe-tout-grains » mêle deux cépages : le pinot noir (majoritaire, avec au moins 30 %) et le gamay. Cette particularité en fait un vin plein de charme et de légèreté, bien qu’il soit souvent boudé. Ses arômes de fruits rouges croquants et cette petite touche épicée en font un formidable compagnon pour une assiette de charcuterie ou une soirée improvisée autour d’une pizza généreuse.

Le plus intrigant est peut-être son histoire. Remontant au Moyen Âge, ce style de vin est l’héritier de traditions locales où le gamay, introduit dans les terroirs pauvres, avait eu mauvaise réputation après un célèbre décret du duc Philippe le Hardi. Revenons-y donc avec humilité : le passe-tout-grains, c’est la convivialité et la simplicité en bouteille.

Le crémant de Bourgogne : finesse effervescente

Les vins effervescents de Bourgogne, ou crémants de Bourgogne, sont produits depuis la fin du XIXe siècle. Leur succès repose sur la méthode traditionnelle, identique à celle de Champagne, qui consiste à faire fermenter une seconde fois le vin en bouteille pour produire ses fines bulles. Mais où sont-ils produits ? Les crémants de Bourgogne s’étendent eux aussi sur toute la région, avec des cuvées issues aussi bien de la Côte Chalonnaise que de l’Auxerrois.

Leur profil varie selon les cépages utilisés : un chardonnay élégant et précis, ou un pinot noir apportant matière et fruité. Si vous cherchez un crémant haut de gamme, ne manquez pas ceux issus des terroirs plus frais comme le Châtillonnais. Parfait en apéritif, mais aussi étonnant sur un dessert peu sucré comme une tarte aux pommes.

Bien choisir un vin régional selon ses attentes

S’il est facile de s’y perdre devant tant de diversité, quelques astuces peuvent vous guider :

  • Pour un apéritif : privilégiez un Bourgogne aligoté ou un crémant frais.
  • Pour un repas convivial : optez pour un Bourgogne passe-tout-grains ou un Bourgogne rouge léger.
  • Pour surprendre : misez sur un Bourgogne Hautes-Côtes de Nuits ou un Bourgogne Côte d’Or qui se distinguera par une qualité parfois bluffante.

Regardez aussi le domaine, son engagement envers ses terroirs et son mode de production. Certaines petites maisons produisent des pépites méconnues !

Des terroirs oubliés, mais passionnants

Derrière « Bourgogne », un simple mot peut se cacher des petits terroirs oubliés ou sous-estimés. Par exemple, dans le Mâconnais, certains sols argilo-calcaires donnent des vins blancs aux notes beurrées et tendues qui rivalisent avec leurs voisins de Pouilly-Fuissé.

Enfin, n’oublions pas l’Auxerrois ou encore l’extrémité nord de Chablis, où le froid affine l’expression des cépages chardonnay et pinot noir. Ces coins plus confidentiels méritent d’être explorés, car ils offrent souvent des excellents rapports qualité-prix.

Peut-on faire vieillir un vin de Bourgogne régional ?

Oui, certains Bourgognes régionaux se prêtent au vieillissement. Si les rouges issus de Bourgogne Côte d’Or développent avec le temps des notes rappelant les grands pinots (fruits confits, sous-bois), les blancs de Bourgogne Hautes-Côtes conservent leur tension tout en gagnant en rondeur.

Ne cherchez pas toutefois une garde excessive : cinq à sept ans suffisent souvent pour atteindre leur plein potentiel. Une exception ? Les crémants millésimés, dont le vieillissement sur lattes peut rivaliser avec certains grands champagne.

Bourgogne rosé et clairet : des pépites méconnues

Terminons sur une note estivale : bien qu’ils représentent une production confidentielle, les rosés de Bourgogne et leur version clairet (plus foncée et charnue) méritent d’être découverts. Souvent issus du pinot noir, ils se distinguent par leur élégance et leur fraîcheur atypiques.

Servez ces vins au cœur de l’été avec une salade de quinoa ou des brochettes de crevettes, et vous verrez qu’ils n’ont rien à envier aux rosés de Provence. Une autre preuve que la Bourgogne recèle des trésors insoupçonnés.

Et maintenant, à vous de jouer

Autour de ces appellations régionales, c’est tout un univers qui s’offre à vous : gourmand, convivial et accessible. Ces vins, loin d’être un simple « premier pas », sont une invitation à explorer la richesse de la Bourgogne sans complexe. Il ne vous reste plus qu’à les déguster… et peut-être, à en tomber amoureux ? Alors, par laquelle de ces cuvées allez-vous commencer ?

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Votre guide des vins de Bourgogne, de la vigne au verre